- Victor Jara: voir première partie ci-dessous
- Pablo Neruda: voir seconde partie ci-dessous
- Marcelo Rios : voir troisième partie ci-dessous
- Augusto Pinochet : Dictateur de décembre 1974 à 1985
- Salvador Allende: Président de la République de 1970 à 1973
- Isabel Allende : nièce du président Salvador Allende, auteur de plusieurs livres traduits en francais. J’en ai lu en espagnol pour ceux aui lisent l’espagnol c’est accessible.
- Ricardo Lagos Escobar : ambassadeur à Moscou sous la présidence d’Allende, il se convertit en économiste entre 1978 et 1984 dans le cadre d’un programme pour l’emploi lancé par l’ONU.
- Alejandro Jodorowsky : exilé en France, il est scénariste de plusieurs best-sellers de bandes dessinées dont la série l’Incal. Je ne le connaissais pas, mais il gagne sûrement à l’être !
- Francisco Coloane: auteur qui a reçu en 1964 le Prix national de littérature du Chili et a été fait chevalier des Arts et des Lettres.
- Patricio Aylwin: Président la république de 1990 à 1994.
VICTOR JARA
Víctor Lidio Jara Martínez (28 septembre 1932 - 16
septembre 1973)
était un chanteur auteur-compositeur-interprète populaire chilien.
Victor Jara est né d'un couple de paysans modestes. Ses connaissances musicales ne
sont pas académiques, mais ancrées dans le terroir populaire chilien.
Monté à la capitale, Victor fréquente le
séminaire, puis intègre l'université du Chili où il participe à plusieurs
projets, seulement musicaux au départ avant de se former au théâtre. A partir
de 1957, n’arrivant pas à choisir entre les deux (musique et théâtre), Victor mène
ces deux carrières de manières parallèles. Et il réussi dans les deux domaines.
Il est consacré (disque d’argent en 1967, 1er prix du festival de la
nouvelle chanson chilienne en 1969), encensé au Chili mais également à l’étranger :
Angleterre, Allemagne, Argentine, ….
Aujourd’hui, Victor Jara est toujours une
idole, un mythe, un martyr…
Finalement, on ne serait dire si sa
popularité actuelle est le fruit de son talent et de son travail ou celui d’un
destin tragique.
Membre du Parti communiste chilien, il fut l'un des principaux
soutiens de l'Unité
Populaire et du président Salvador
Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne,
contestent la guerre
du Viêt Nam, rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires
latino-américaines, mais aussi au peuple et à l'amour.
Arrêté par les militaires lors du coup d'État du 11 septembre 1973, il est
emprisonné et torturé à l'Estadio Chile (qui se nomme aujourd'hui Estadio
Víctor Jara) puis à l'Estadio Nacional avec de nombreuses
autres victimes de la répression qui s'abat alors sur Santiago.
Il y écrit son dernier poème qui dénonce le fascisme et la dictature. Ce poème est resté inachevé car
Víctor Jara est rapidement mis à l'écart des autres prisonniers. Il est
assassiné le 15 septembre. D’après les témoignages d’anciens détenus qui ont survécus,
ses derniers instants sont connus :
" On
amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de
l'officier, une hache apparut. D'un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux
de la main droite.
On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s'écroula
lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus.
L'officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : "
Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de
coups.
Tout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se
dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui
nous interpellait :
" On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes
de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité
populaire, que tout le monde reprit en choeur.
C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en
avant.
D'autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient
chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés
de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les
entendait pas. Il était mort. "
Miguel
Cabezas (extrait d'un article paru dans l'Humanité du 13 janvier 2000).
Après avoir été enterré
semi-clandestinement le 18 septembre 1973, il est enterré le 5 décembre 2009
(après 3 jours d'hommage populaire) dans le Cimetière Général de Santiago lors d'une cérémonie à laquelle assistèrent sa veuve Joan Turner et leurs
deux filles Manuela et Amanda, l'ancienne présidente du Chili Michelle
Bachelet, et plus de 5000 personnes.
Les assassins toujours impunis
Qui a tué Victor Jara? La justice n’a répondu
qu’en partie à ces questions. L’exhumation du corps a permis de l’authentifier
grâce à l’ADN. Également de révéler qu’il fut criblé de 44 balles et
brutalement frappé dans le Stade Chili où Victor a été détenu le jour même du
coup d’État qui a renversé Salvador Allende, le 11 septembre 1973.
Seules deux personnes ont été jusqu’ici mises en
examen pour ce crime. Il y aurait davantage de meurtriers, selon l’avocat de la
famille. Notamment l’officier qui aurait tiré le premier, surnommé le « prince
».
Le monde de justice rêvé
par Victor n'est pas pour demain.
De
nombreux artistes internationaux ont rendus hommage à Victor Jara et notamment
des chanteurs français tels que Jean Ferrat, Bernard Lavilliers, et plus
récemment Zebda.
PABLO NERUDA
L'enfant qui ne joue pas n'est pas un enfant, mais l'homme qui ne joue pas a perdu à jamais l'enfant qui vivait en lui et qui lui manquera beaucoup.
Pablo Neruda, nom de plume de Ricardo Eliecer Neftalí Reyes Basoalto, est un poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur, né le 12 juillet 1904 à Parral, mort le 23 septembre 1973 à Santiago.
Pablo Neruda retourne au Chili en 1952. En 1969, il renonce à être candidat à l'élection présidentielle pour le Parti communiste qui l'avait désigné et apporte son soutien à Salvador Allende. Après son élection, ce dernier nomme le poète ambassadeur du Chili en France. En 1971, Pablo Neruda reçoit le Prix Nobel de Littérature.
Il meurt en 1973, peu après le putsch du général Pinochet, officiellement d'un cancer de la prostate, à la clinique Santa Maria de Santiago. Cependant, à la suite de témoignages convergents soutenant que Neruda a été assassiné, le parti communiste chilien a demandé le 2 juin 2011 l'ouverture d'une enquête pour déterminer les conditions exactes de sa mort. L'inhumation du corps de Pablo Neruda devient, malgré la surveillance policière, une manifestation de protestation contre la terreur militaire.
En 1974, l'autobiographie de Neruda Confieso que he vivido, J'avoue que j'ai vécu, paraît à titre posthume, extrait :
«Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
Visiter ses maisons
Les trois maisons se
visitent.
Pablo Neruda avait trois
maisons. Un peu folles, à la fois différentes et semblables, chacune d'elles
est un poème, Isla Negra célèbre la mer, la Sebastiana glorifie les voyages et
la Chascona est un hymne à l'amour de Mathilde. Neruda se voyait comme le capitaine
de ces maisons, lui qui aimait la mer mais n'avait pas le pied marin et se
contentait de naviguer sur l'océan des mots...
Isla Negra, qui se traduit littéralement par Île Noire, n'est pas
une île! Le nom viendrait des rochers recouverts d'algues ressemblant à une île
noire qui se trouvent devant la propriété. Il faut avoir un peu d’imagination
pour comprendre la maison d’un poète!
Cette maison biscornue, la preferée de Neruda, a été
bâtie autour de la pièce unique qui la constituait quand Neruda a acheté la
propriété en 1939. Il l'a ensuite agrandie au gré de ses humeurs et de
l'enrichissement de ses collections éclectiques, pendant une trentaine
d'années, dessinant lui-même les plans et choisissant les matériaux.
Verre coloré, flottilles de bateaux dans des bouteilles,
coquillages, masques, papillons, et spectaculaires figures de proue, Neruda a
collectionné un peu de tout et cette maison loge une bonne partie de ses
trésors, ses jouets, comme il les appelait.
La chambre à coucher de Pablo et Mathilde donne sur la
mer. C'est dans cette pièce que, malade, il a dicté à sa troisième femme Mathilde
“J'avoue que j'ai vécu”, son
autobiographie. C'est là qu'il a assisté à l'invasion des soldats après le coup
d'état de Pinochet et la mort d'Allende.
Le smoking qu'il portait pour recevoir le prix Nobel est
toujours suspendu dans sa penderie.
La photo de Baudelaire traîne toujours sur le bureau où
il écrivait à l'encre verte. Celles de Victor Hugo, Lénine, Alexandre Dumas,
Diego Ribera et autres, veillent.
C'est ici que Neruda a fêté ses 50 ans et son mariage.
Et c'est dans le jardin, face à la mer qu'il repose avec
Mathilde.
La Sebastiana
Cette maison tout en hauteur et en escaliers reproduit un
peu Valparaiso : « secret, plein de recoins ». Au début, il la partage avec des
amis, dont l'artiste Maria Martner qui a réalisé une splendide murale de pierre
et de mosaïque autour du foyer de Isla Negra. La maison, tapissée de photos de
famille et de voyages, jouit d'une vue époustouflante sur Valparaiso, symbole
de départ vers des pays exotiques, d'ouverture sur le monde. Une carte du monde
en français ans fin datée de 1698 orne un mur. « Valparaiso ouvre ses portes à
la mer sans fin, aux cris de la rue, aux yeux des enfants. »
L'ébouriffée
Bâtie pour abriter ses amours alors illicites avec
Mathilde dans le quartier de Bellavista à Santiago, cette maison doit son nom à
la chevelure indocile de sa belle, chascona signifiant ébouriffée, échevelée.
Les nombreux ponts et escaliers de cette maison en colimaçon rappellent Capri
où il a été si heureux en exil avec Mathilde, un épisode romancé dans le film
Il Postino.
Ici le temps s'est arrêté sur la pendule brisée par les
militaires au lendemain du coup d'état qui a coûté la vie à son ami Allende,
auquel il ne survivra que 12 jours.
MARCELO RIOS
Né le à Santiago, surnommé « El Chino » (le chinois), c’est l’enfant star du tennis au Chili: numéro 1 mondial pendant un mois en 1998 devant Pete Sampras et André Agassi.
Carrière
Seul no 1 mondial à n'avoir jamais remporté de tournoi du Grand Chelem.
Il fut le premier joueur à remporter les trois Masters 1000 sur terre battue depuis la création de ce format en 1990 (Monte-Carlo, Rome, et Hambourg).
Ríos est également le seul joueur de l'histoire à avoir atteint le classement de no 1 mondial sur les trois circuits : junior, professionnel, et senior.
Au total, Ríos a remporté 18 tournois durant sa carrière, dont 5 Masters 1000 différents, ce qui le classe en 9e position à égalité avec Gustavo Kuerten, Jim Courier, et Boris Becker.
Entre 1996 et 2002, il a atteint 13 demi-finales de Masters 1000.
Peu à son aise sur gazon, il n'a participé que trois fois au tournoi de Wimbledon.
Malgré une préférence pour la terre battue, Ríos a remporté autant de tournois sur dur que sur ocre (9 titres pour chacune de ces surfaces).
Style de jeu
Marcelo Ríos était un contreur/puncheur de petit gabarit (moins d'1,80 m) doté d'une palette technique absolument complète. Son œil, son sens du jeu, ses facultés exceptionnelles d'anticipation lui ont valu d'être considéré comme un surdoué prometteur dès son arrivée sur le circuit professionnel. Il se distinguait de ses adversaires par un relâchement extrême, donnant l'impression d'une grande facilité. En vrai terrien, il aimait infliger à ses rivaux d'incessantes variations d'angles, d'effets et de longueurs, et disposait d'une impressionnante vitesse de déplacement et d'exécution, mais aussi d'un toucher hors du commun, notamment sur ses amorties slicées dont il usait souvent. Joueur d'inspiration, il ne rechignait pas à délivrer parfois quelques coups improbables et spectaculaires qui font encore aujourd'hui sa réputation.
Son talent fut reconnu par nombre d'acteurs du tennis. Dans sa biographie « Marcelo Ríos, The Man We Barely Knew », Mark Malinowski recense plusieurs témoignages à ce sujet:
- Marat Safin, Ríos avait « le talent pour remporter dix tournois du Grand Chelem. »
- Mike Agassi, le père d'Andre, déclara : « En un sens, Ríos était plus doué qu'Andre, car vous ne pouviez pas lire ses coups. »
- Pat Cash le décrivit comme « l'un des plus grands talents qu'il ait jamais vu. »
- Nick Bollettieri, célèbre entraineur qui a notamment travaillé avec André Agassi, Martina Hingis, les soeurs Williams, pensait quant à lui que « des joueurs comme lui, il y en a un sur un million. Ce qu'il avait, vous ne pouviez pas l'enseigner. »
Personnalité... c'est là que les choses se corsent!
Ríos était réputé pour son caractère difficile et lunatique. Durant sa carrière, il a entretenu des relations orageuses avec les journalistes, multipliant les provocations en conférence de presse.
À Roland-Garros, il a été désigné 5 fois Prix Citron, en 1996, 1997, 1998, 1999 et 2001 (jusqu'en 2001, ce prix est attribué au joueur au caractère le plus désagréable du tournoi). Il est aujourd'hui le joueur l'ayant reçu le plus de fois et obtint le prix spécial du 25e anniversaire.
Anecdotes
- Durant le tournoi de Wimbledon 1997, il expliqua devant la presse que le gazon était plus adapté aux vaches et au football qu'à la pratique du tennis.
- En 2000, il fut disqualifié du tournoi de Los Angeles et mis à l'amende pour avoir lancé un « f**k you » à l'arbitre de chaise.
- En 2001 lors du tournoi de Rome, il fut arrêté pour avoir boxé un chauffeur de taxi, et boxé également les policiers venus l'appréhender.
- Il n'a jamais reconnu le tennis féminin.
- Lorsqu'il gagne son premier tournoi ATP en 1995 et que le journaliste lui demande s'il est ému, il répond: "Pas du tout, j'ai juste gagné face à 5 idiots".
- En 2003, durant la préparation d'une rencontre de Coupe Davis contre l'Équateur, passablement éméché, il urina sur plusieurs individus lors d'une soirée dans une discothèque située au nord de Santiago. Peu après, il fut expulsé de l'hôtel qui accueillait l'équipe chilienne pour avoir nagé nu dans la piscine. La fédération le sanctionna en lui interdisant de disputer la rencontre. Ríos présenta publiquement ses excuses pour cet incident.
- En 1997, lors de sa victoire au Masters de Monte-Carlo, il déclara au micro après avoir reçu son chèque : « Ça ne me rembourse même pas l’argent que j’ai dépensé au Casino dans la semaine ».
Retraite
Marcelo Rios est père de six enfants, (que des filles) dont des triplés venus au monde en 2011.
Il se remet d'un infarctus cerebral.
Autres joueurs de tennis chilien
La seule femme fût Anita Lizana qui fût numéro un mondial en 1937. Ce fût la première latino-américaine et la seule à y arriver.
Bravo ma Chérie, très beau et bon sujet que celui-ci, très instructif aussi.
RépondreSupprimerMerci de nous faire partager cet aspect un peu sombre de l'histoire chilienne.
Je te dis également bravo pour ton article. J'ai justement découvert le personnage de Victor Jara dans le numéro du magazine l'Histoire et je trouve que son destin montre bien les horreurs qui ont eu lieu suite au coup d'état mais aussi le courage de certains.
RépondreSupprimerMerci pour le lien sur le clip de zebda et j'apprends aussi que d'autres artistes français lui ont rendu hommage. Quelles sont ses chansons les plus populaires au Chili?
Bisous! Jo
J'ai demandé les conseils de mon chilien préféré pour répondre à ta question. Sa sélection est assez grande. Cela t'accompagnera dans les transports !
RépondreSupprimerChansons : La cocinerita, Paloma quiero contarte, Que saco rogar al cielo, El caretero, Ja jai, El arado, El cigarrito, La flor que anda de mano en mano, Deja la vida volar, La luna siempre es muy linda, Ojitos verdes, Te recuerdo Amanda.
Merci à toi et à ton chilien préféré!
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